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jeudi 12 mai 2016

Les palpitations populaires



J'avais longtemps boudé le ronronnement moteur des colombes au matin. Maintenant je trouve rassurant l'existence de ce son qui a traversé chacun de mes printemps. Je te jure que j'essaye d'agripper le réel. Ce bouton de rose juste là qui n'attend que d'éclore, hier déjà j'essayais d'y amarrer mon regard. Aujourd'hui il a légèrement bougé, la proportion de rouge a augmenté, pris le pas sur la coquille verte. Mais je me force, tu sais. Quel effort que de fixer la rose et d'être la rose, quelle énergie ça pompe d'être ici et maintenant, quand on a pris le pli d'être ailleurs constamment.

Que ça soit dans la littérature italienne ou dans le coeur des pigeons, ce qui palpite encore est vraiment minuscule. C'est à peine un vrombissement, plutôt une palpitation malade, qui remue faiblement pour ne pas s'ennuyer. C'est incroyable ce qu'on peut faire pour ne pas s'ennuyer.
La moiteur de cette peau après laquelle on court, parce que toucher des peaux c'est le but absolu, l'accomplissement ultime. La moiteur de ta peau et ce bruit dans la cour, le cri à peine audible d'une histoire qui s'abime.

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