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jeudi 22 décembre 2016

Black mirrors


Yayoi Kusama: Infinity Mirror Room



Du grand combat d'épées tranchantes qu'est l'éducation de son âme. De la densité de l'être et du brouillard épais, littéralement à couper au couteau pour y voir clair, mais on n'y voit jamais clair. Aucun mouvement ne s'accompagne de contours net, il n'y a qu'en arrêtant de bouger qu'on évite le flou. On-y-voit-jamais-clair.

C'est des pièces entières recouvertes de miroirs sombres, et du sol au plafond on n'y voit que ces maudits reflets de soi, inexorablement différents et complexes, certains vaguement lumineux, la plupart passablement immondes, impossibles à fuir et difficiles à regarder. Elle est belle n'est-ce pas, notre chasse aux dragons ? Elle nous fait les mains sales et le regard plus vif, parce qu'il est dit qu'on brille plus fort après s'être regardé en face. Mais quelle face ?

Ca n'est pas une façon de parler lorsqu'on dit de ce brouillard qu'il est à couper au couteau. Et si nous avons déjà découpé quelques tranches il reste encore un beau morceau, de ceux qu'on pourrait servir en plat principal au grand banquet du dépassement de soi, dont les convives, évidemment, ne sont autres que les milles et unes projections suscités, reflets de l'être affamé depuis sa naissance, de cette faim vorace qui caractérise l'existence. Quelle autre phrase reste-t-il alors à énoncer qu'un cinglant  BON APPETIT  au serpent qui se mange la queue, sans même prendre la peine de se l'assaisonner.

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